Aimé Paquet est né le 10 mai 1913 à Saint Vincent de Mercuze dans une famille d’agriculteurs du Dauphiné.

Il entreprend au Rondeau-Montfleury des études secondaires interrompues par la maladie. Après avoir effectué en 1933-1934 son service militaire dans l’armée des Alpes, il reprend l’exploitation familiale.

Proche durant les années 1930 des volontaires nationaux, organisation satellite des Croix de Feu, il adhère en 1936 au Parti social français (PSF) dont il a été, dans l’Isère, l’un des principaux animateurs. Il a, par ailleurs, animé la MJC de la commune de Saint Vincent de Mercuze.

Resté à l’écart de toute mobilisation durant la campagne de 1939-1940, il manifeste dans un premier temps une réelle sympathie à l’égard de la révolution nationale mais ne prend pas pour autant activement parti pour le régime vichyste. Sa relative discrétion durant la guerre comme son absence de responsabilité officielle ne lui interdisent aucunement de reprendre ses activités militantes. Il est à ce titre l’un des artisans de la recréation du défunt PSF qui prend le nom en 1945 de Parti républicain social de la réconciliation française. Il en fut le président fédéral jusqu’en 1946.

En 1947, Aimé Paquet est élu Maire de Saint Vincent de Mercuze et Conseiller Général du canton du Touvet, deux mandats qu’il occupera respectivement jusqu’en 1984 et 1982.

Candidat malheureux aux élections législatives d’octobre 1945 sur une liste de réconciliation démocratique et sociale et de défense des intérêts paysans, il doit attendre le 17 juin 1951 pour entrer au palais Bourbon. Il est alors élu député à la tête d’une liste d’union des indépendants, des paysans et des républicains nationaux. Il adhère au Parti paysan d’union sociale et demeure inscrit au Centre national des indépendants et paysans (CNIP) jusqu’en 1962.

Parlementaire actif, il défend, comme nombre de ses collègues, les intérêts de sa région et de sa clientèle électorale (allégement fiscal, défense des intérêts agricoles), mais il se risque aussi à des propositions plus audacieuses comme la possibilité du recours au référendum populaire. Présent dans la plupart des discussions budgétaires comme dans les discussions relatives à la défense des prix agricoles, il réclame également la réglementation du droit de grève (octobre 1953), explique son soutien au cessez le feu en Indochine (6 mai 1954), fustige l’influence du communisme sur les petits exploitants agricoles (29 juin 1954) ou se prononce encore pour réclamer l’application immédiate en Algérie du statut de 1947.

Aimé Paquet se représente comme tête de liste CNIP en janvier 1956 et retrouve son siège de député. Il est nommé membre des commissions des finances. Son activité parlementaire ne faiblit pas. Le 22 février 1956, il prononce une violente diatribe contre le bilan des législatures précédentes, n’hésitant pas à évoquer son propre passé Croix de Feu et à prendre à partie Maurice Thorez. Il croise du reste assez régulièrement le fer avec le groupe communiste. Le 22 janvier 1957, il explique ses intentions de vote sur le projet de CEE et d’Euratom, alléguant le mirage libéral qui en sous-tend la conception. Il attaque la politique étrangère du gouvernement le 21 mai 1957 et condamne l’expédition de Suez. Il vote la confiance au général de Gaulle le 1er juin 1958, lui accorde pleins pouvoirs le lendemain et accepte le principe d’une révision constitutionnelle. Il milite aussi pour le “Non” au référendum sur l’élection du président de la République au suffrage universel.

Il est, en 1962, l’un des fondateurs des Républicains indépendants. Il en sera vice-président à partir de 1966 et en présidera le groupe à l’Assemblée Nationale de 1969 à 1973.

Aimé Paquet est réélu sans discontinuer député indépendant de la 1ère circonscription de l’Isère jusqu’à sa nomination, en avril 1973, comme Secrétaire d’Etat auprès du ministre de l’aménagement du territoire, de l’équipement, du logement et du tourisme dans le 2ème gouvernement Messmer.

Après l’élection de Valéry Giscard d’Estaing à la présidence de la République, il est nommé par ce dernier Médiateur de la République en juin 1974 en remplacement d’Antoine Pinay. Il abandonne ses fonctions en mai 1980 et s’engage en faveur de la campagne du président sortant. Après l’échec de mai 1981 dont il impute exclusivement la responsabilité à Jacques Chirac, il se retire écœuré de la vie publique qu’il juge alors, dans un entretien accordé au Dauphiné Libéré, caractérisée par “la tricherie, la déformation des faits, la trahison délibérée, le fric et les rats“.

Le destin national d’Aimé Paquet ne doit pas faire oublier son action locale de Conseiller Général du Canton du Touvet et de Maire de Saint Vincent de Mercuze.

Une vie publique bien remplie lui a permis de rencontrer les plus grands. Malgré cela, Aimé Paquet est resté toute sa vie un homme simple et disponible. Il était autant à l’aise dans les sphères gouvernementales que dans la vie de tous les jours auprès de ses administrés qu’il se plaisait à rencontrer et dont il est toujours resté très proche.

Il fut pendant 37 ans le Maire d’un village dont il disait qu’il fut “un village de rêve où j’ai été heureux, ma petite patrie, mon terroir et surtout, mes racines“.  Car il était très attaché à ses racines. C’était un homme de la terre. Il aimait répéter à qui voulait l’entendre : “La terre ne ment pas. Elle rend au centuple la semence qu’on lui confie. Il suffit pour cela de croire, de vouloir et d’espérer“.

Homme d’action résolument tourné vers l’avenir, doté d’un esprit novateur, il est à l’origine de nombre d’actions qui seraient aujourd’hui jugées déraisonnables : ravitaillement en eau d’un alpage avec un hélicoptère, réalisation de  12 km de route de montagne sans autorisation officielle, achat contre l’avis de la préfecture d’une usine désaffectée pour en faire une salle des fêtes, construction en 1948 d’une piscine pour un village d’à peine 450 habitants, création d’une auberge communale, ouverture d’une épicerie communale, installation d’un village de vacances de 240 lits …

La liste est impressionnante, mais il ne s’arrête pas là. Conscient de la crise provoquée par la profonde mutation que traverse la France agricole dans les années 50, il décide de créer à Saint Vincent de Mercuze des emplois pour les jeunes du pays. Ici encore, il va se comporter en précurseur et réaliser, avec Valisère (Alpstyl), puis avec Péchiney (Cebal), les premières locations ventes de France qui conduiront à la création de plusieurs centaines d’emplois.

Aimé Paquet était un homme d’engagement. Son caractère entier, son franc parler et son indépendance lui valaient le respect de tous, amis comme adversaires. Pour les habitants de son village, pour les actuelles et futures générations, il est un exemple de ce que doit être l’action politique entièrement placée au service de l’homme et de la vie.

Aimé Paquet est décédé le 20 août 2001, au milieu des siens, dans son village de Saint Vincent de Mercuze.

Pour sa carrière si riche et pour l’œuvre accomplie au service de son village, il méritait bien qu’une rue porte son nom. C’est en 2003 que le conseil municipal décida de débaptiser la partie de la Grand Rue qui va de la place de la mairie au carrefour de l’auberge.

Elle lui donna le nom de “Rue Aimé Paquet” au cours d’une cérémonie empreinte d’une grande émotion en présence de Germaine Paquet, son épouse, ainsi que d’un grand nombre d’habitants, d’amis et de personnalités.                    

Si vous souhaitez en savoir plus, le livre qui retrace ses mémoires Un paysan au service de la France est disponible à la Bibliothèque municipale.